Délégué général de la Fédération Française de la Diététique
“Les magasins spécialisés restent la locomotive d’un marché en croissance.”

L’un des 4 pôles du Salon Natexpo regroupe les spécialistes de l’alimentation et des vins bio. Comment évolue ce marché ? Interview de Francis VALLUET, Délégué général de la Fédération Française de la Diététique

LA CRISE A-T-ELLE PORTE UN COUP D’ARRÊT AU DÉVELOPPEMENT DE L’AGRICULTURE BIOLOGIQUE ?

F.V: Pas du tout.
Le marché continue à se développer. Tant mieux car nous avons un certain retard sur nos voisins européens. Bien que les 20 000 producteurs bio seront atteints d’ici la fin de l’année, nous restons autour de la 20ème place au niveau européen. Rappelons cependant qu’ils étaient moins de 14 000 en 2008 et 16 500 fin 2009. Le marché du bio en France est donc très dynamique aujourd’hui. En 5 ans le chiffre d’affaires réalisé par le bio a presque doublé. Il s’élève aujourd’hui à 3 milliards d’€ ttc.

COMMENT EXPLIQUEZ-VOUS CE DYNAMISME ?

F.V: Si les producteurs sont de plus en plus nombreux à se reconvertir, c’est parce qu’il y a urgence à répondre à la demande. Le marché est en effet soutenu par un fort développement de la consommation bio. Le ‘bio’ ne peut plus être considéré comme un marché de niche. Même faible, il a une réelle part de marché. La consommation est telle qu’elle créée un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dans les 38% de la consommation bio approvisionnée par les importations, n’oublions pas toutefois qu’il y a un tiers qui sont des produits purement exotiques, et un autre tiers des fruits et légumes, agrume, soja…

CE DYNAMISME SE RESSENT-IL DANS LA DISTRIBUTION ?

F.V: Bien évidemment.
Les magasins spécialisés restent la locomotive d’un marché en croissance. Leur développement est soutenu par leur rôle essentiel dans le choix, le conseil et les échanges qu’on trouve dans ces lieux de vente. Ils font jeu égal en termes de poids avec la grande distribution qui a pris le train en marche et a su, avec des campagnes percutantes et une offre basée le plus souvent sur ses marques propres, conquérir des néo-consommateurs bio. Il ne faut pas oublier non plus la part que représente la vente sur les marchés, les ventes à domicile et les ventes ‘au panier’, type AMAP.

PEUT-ON RAISONNABLEMENT ENVISAGER DES PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT ENCORE AUSSI SOUTENUES ?

F.V: Certainement.
L’agriculture biologique a été en grande partie boostée par toutes les décisions prises dans le cadre du Grenelle de l’Environnement. Au-delà des chiffres et des perspectives, il faut bien comprendre que le plan mis en place démontre une volonté très ferme de développer l’agriculture biologique avec des objectifs clairs qui sont : trouver une juste répartition entre les importations et les exportations qui ont représenté 190 millions d’€ en 2009, répondre à la demande croissante des consommateurs, et atteindre les 20% de produits biologiques dans la restauration collective d’ici deux ans. Si la France continue sur ce rythme, elle pourra rattraper en partie le retard pris sur des pays aussi voisins que l’Allemagne ou l’Autriche.